Le développement psychomoteur de l’enfant

Par Louise Gauthier lors d’une entrevue  avec Marie Panier.

Les bébés doivent vivre chacune des étapes de leur développement moteur pour le développement harmonieux de leur système nerveux et de leur système psychomoteur. Aux dires de Marie Panier, ostéopathe de formation, spécialisée dans l’approche avec les femmes enceintes et les bébés, chacune des trois étapes est d’une importance cruciale pour le développement de la personne et ne peut être sautée. Ainsi, le retournement, la reptation et la quadrupédie sont des étapes nécessaires.

POURQUOI

Il a été prouvé hors de tout doute que le développement moteur a une incidence sur le développement psychomoteur et nerveux de l’enfant. À chacune des étapes correspond la formation de certains types de connexions au cerveau. Des troubles d’apprentissage, des problèmes d’orientation spatiale, une anomalie au niveau du parallélisme des yeux, des déficits d’attention, peuvent survenir chez ceux qui ont sauté une ou des étapes. La bonne nouvelle cependant, c’est que chacune de ces étapes peut être récupérée si elle a été omise ou mal vécue. C’est cependant plus difficile et plus long que de passer naturellement chacune des étapes en son temps.

À SON RYTHME

Le bébé passera chacune des étapes de son développement moteur avec tout ce qu’il est, ses traits de caractère, son héritage parental, son milieu familial, etc. et à son rythme. L’âge moyen auquel une étape doit se passer n’est qu’une moyenne. Ainsi, Marie Panier indique qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure si l’enfant retarde un peu dans son développement moteur. Plus chacune des étapes dure longtemps, meilleures seront les connexions neurologiques impliquées à cette étape. Cependant, si un enfant s’éloigne trop du temps moyen, il éprouve peut-être des difficultés de mobilité qui l’empêchent de passer cette étape. Il se peut aussi qu’il ait des difficultés d’ordre psychologiques. De toute façon, il faut alors amener l’enfant en consultation.

LE RETOURNEMENT

Autour de l’âge de 5 mois, l’enfant devrait pouvoir se retourner du dos au ventre. Pour y arriver sans encombre, il doit pouvoir passer beaucoup de temps sur le dos, libre d’agiter les pieds et les jambes. Ses pieds entreront dans son champ de vision et il voudra les prendre. Il aura normalement le réflexe de les porter à la bouche. Ce faisant, il développera toute la musculature antérieure de son corps : les fléchisseurs au niveau du cou, les abdominaux pour lever les jambes, la musculature du bassin et surtout à l’avant du bassin ainsi que l’ouverture du bassin. Lorsqu’il amènera les pieds à la bouche, il sera ramassé en boule et pourra ainsi rouler sur le côté. Rendu sur le côté il n’y a que quelques mouvements à effectuer pour passer sur le ventre : retirer le bras et retourner la tête en la soulevant. Le bébé essayera plusieurs fois et comprendra comment le faire à volonté. Les connexions seront bien établies et sa musculature se développera en fonction de ses mouvements.

LA POSITION AUTONOME

Marie Panier insiste beaucoup sur la position autonome du bébé. Pour les cinq premiers mois de la vie, c’est la position sur le dos. Les mouvements du bébé ne sont pas anodins. Par exemple, le frottement des pieds l’un sur l’autre contribue à la formation des arches du pied. Ainsi devons-nous favoriser le frottement de peau à peau des pieds entre eux en habillant l’enfant dans des vêtements qui le permettent comme ces robes fermées au bout qu’on appelle des gigoteuses. La position autonome, c’est tout ce que le bébé peut faire par lui-même. Prendre l’enfant dans nos bras ne peut pas lui faire de tort. Lorsqu’un adulte prend un enfant dans ses bras, il compense automatiquement les inconforts de l’enfant pour le tenir dans une posture qui s’approche de la position assise ou debout. Mais il faut aussi souvent que possible laisser l’enfant étendu sur le dos. Les petites couvertures de sol avec une arche où sont suspendus divers objets attrayants sont bien faites pour cette circonstance. Il importe cependant de placer le bébé afin que l’arche soit au niveau de ses hanches et que, pour regarder les objets, l’enfant doive incliner sa tête vers sa poitrine et faire ainsi travailler les fléchisseurs du cou et non le contraire. On peut jouer avec un bébé placé sur le dos mais il faut aussi lui laisser tout le loisir de faire ses essais et ses expériences motrices par lui-même.
Si on place l’enfant assis ou debout, ce sont les muscles arrières qui sont sollicités et ceux-ci sont déjà très développés. En fait, un enfant ne devrait pas être assis avant de pouvoir le faire par lui-même et cette posture nécessite le passage par le quatre pattes. Comme on fait manger les bébés assis, qu’ils sont assis ou allongés dans leur siège d’auto et dans les petites chaises dans lesquelles on les transporte souvent, c’est déjà amplement.

On peut aider un bébé qui éprouve de la difficulté à passer une étape à faire les mouvements nécessaires pour la passer. Mais il ne faut pas faire le mouvement à sa place.  Le parent qui, par exemple, avec la meilleure volonté du monde, retourne le bébé sur le ventre lorsque celui-ci s’impatiente parce qu’il ne réussit pas à se retourner par lui-même ne l’aide pas. En fait, il est préférable de laisser le bébé faire ses tentatives et l’accompagner en lui montrant le chemin. Cependant, si on constate qu’il n’y arrive pas et qu’il abandonne ses efforts, ou encore que l’enfant ne se retourne que sur un côté, il y a un problème et il faut consulter.

LA REPTATION

Autour de six mois ou six mois et demi, lorsque le bébé est sur le ventre, si ses avant-bras et ses pieds sont nus pour une bonne adhérence au sol, il aura la liberté de ramper. Au début, il reculera. Mais la motivation de se diriger vers des éléments convoités le porteront à avancer un bras. Puis, toujours sur le ventre il ramènera le pied opposé en posant les orteils près de ses fesses et cela le propulsera vers l’avant. Il reproduira ces mouvements jusqu’à se déplacer dans la direction de son choix pour son plus grand plaisir. La reptation sur les avant-bras et sur le ventre développe encore les muscles du devant du corps et cette étape correspond à des types de connexions spécifiques au cerveau qui établissent et structurent entre autres le rapport à l’espace.

LA QUADRUPÉDIE

Autour de l’âge de 8 mois, l’enfant trouvera le moyen de se déplacer à quatre pattes. Lorsqu’il aura constaté qu’il peut se tenir sur ses bras tendus et se placer sur ses genoux, il se balancera d’abord d’avant en arrière sur place. Puis, il avancera une main et constatera finalement qu’en effectuant des mouvements en croisé des mains et des genoux, il avancera beaucoup plus rapidement vers les gens et les objets qui l’attirent.
À partir de la quadrupédie, l’enfant commencera à se hisser sur des plans plus élevés et finira par se mettre debout. Il trouvera aussi à cette étape le moyen de s’asseoir pour se concentrer sur quelque chose et le manipuler à souhait.

LA TENSION DE LA DURE-MÈRE

Marie Panier observe que depuis les 5 à 10 dernières années elle reçoit de plus en plus de nourrissons avec une tension dans la dure-mère qui les empêche de trouver le bien-être, de téter et de digérer correctement, de dormir convenablement et de passer harmonieusement les étapes de leur développement moteur. Elle remarque qu’avant elle rencontrait rarement une tension dans la dure-mère. Maintenant, c’est la majorité des bébés qu’elle voit qui présentent cette tension spécifique. Cette tension s’installe surtout pendant la grossesse ou de situations de stress mais on ne sait pas au juste à quoi elle est due. Avec notre rythme de vie effréné, la pollution sonore, électromagnétique, etc., les possibilités sont nombreuses.

La dure-mère est l’enveloppe du système nerveux qui parcourt la colonne vertébrale et entoure le cerveau. Lorsqu’il y a une tension dans la dure-mère on peut s’imaginer une corde trop courte qui serait attachée du bas du dos au palais du bébé. Les bébés éprouvant cette tension auront tendance à envoyer la tête vers l’arrière en s’arquant très tôt. Ils peuvent, par exemple, boire toutes les heures et demi ou aux deux heures (le mamelon appuyant sur le point d’attache de la dure-mère au palais soulage momentanément l’enfant), ne trouver le sommeil que la nuit mais n’arriver à dormir que 15 ou 20 minutes à la fois le jour. Souvent ces bébés présentent aussi des reflux gastriques ou des problèmes digestifs. Le bébé qui a une tension de la dure-mère n’est pas confortable sur le dos. Il se réveille dès qu’on le pose dans son lit, il ne dort que dans les bras de ses parents. Vu qu’il n’est pas bien il ne voudra pas rester sur le dos pour explorer ses capacités de retournement et ainsi de suite. Au lieu de ramper il fera l’avion et n’arrivera que difficilement à se ramasser sur lui-même. Ce problème est aussi souvent à l’origine du déplacement assis en se traînant sur les fesses au lieu de ramper ou de marcher à quatre pattes.

L’ostéopathe spécialisé aidera votre enfant. Il y a des solutions parfois bien simples. Plus tôt vous consulterez, mieux cela sera pour votre enfant et pour vous.

 

 

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